De quoi j'me mèle...
 | C'est dans l'urgence que l'on fonctionne le plus efficacement pour peu que l'on sache gérer le stress.
Une situation d'urgence oblige à poser rapidement le problème et à s'affranchir des considérations secondaires. Un but, des moyens: point barre.
J'ai un job (PM Project Manager / CdP Chef de Projet) qui oblige a un fonctionnement tranversal avec tous les acteurs de l'entreprise.
Le fonctionnement transversal implique un travail collaboratif sans aucun lien hiérarchique.
Le Chef de Projet est le seul décisionnaire aussi bien au niveau organisationnel, technique que financier. Il y a des règles de bases à respecter mais le CdP use et abuse des dérogations !
Il n'y a pas de liens hiérarchiques avec les différentes acteurs de l'entreprise sinon le Chef de Projet serait le chef de tout le monde... et comme il y a plusieurs Chef de Projets, les acteurs auraient plusieurs chefs.
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| Les décisions d'un Chef de Projet s'imposent à tous. Même au Chef des Chefs de Projet, même au Big Boss de la boutique, c'est comme ça !
Tout est une question de diplomatie si l'on veut que ça se passe bien. En gros, le discours du CdP est: " On fait comme j'ai dit. Point." mais sans commander personne... Le Cdp est souvent divorcé, car à la maison il a tendance à faire pareil !
C'est un travail assez solitaire dans le sens où on est obligé de poser les questions et de faire les réponses.
Le CdP n'a jamais de problème sans solutions... sinon, c'est lui le problème !
Un seul ennemi, le Temps. Ca demande de grandes capacités d'anticipation et de synthèse. Mais en général les CdP collaborent entre eux car les problèmes rencontrés par l'un ont souvent été déjà résolus par d'autres.
Le management n'aime pas la collaboration entre les CdP car les CdP sont les seuls qui ont une vision correcte du fonctionnement de l'entreprise... et quand à plusieurs on pense la même chose, c'est forcément qu'il y a un problème... et comme le CdP a toujours une solution... uhm !
Le chef direct des CdP est souvent le Boss de la boutique. Parfois on leur met un chef du département, mais qui sert à rien... juste pour valider les congés, les notes de frais et faire transiter le bulletin paroissial puisque le CdP est le seul habilité à prendre des décisions. D'ailleurs quand le Chef des CdP est absent, ça fonctionne pareil.
Le seul pratiquement habilité à virer le CdP est le Client... et encore, avec de bonnes raisons.
Le CdP prend souvent des décisions qui paraissent débiles à certains car le CdP n'a pas à s'expliquer. Car le CdP connaît seul les tenants et aboutissants. Le CdP n'a pas à motiver ses décisions même si diplomatiquement c'est bien d'informer les gans pour les impliquer dans le processus.
Le CdP est souvent vu comme celui qui empiète sur les domaines de chacun. C'est normal car le CdP fait une analyse permanente du risque sur son projet et donc sur tous les acteurs: Clients, Employés, Moyens de Production et Fournisseurs.
Le CdP se mèle de tout, c'est normal, tout le regarde. On répond souvent au CdP: "Tu veux pas ma place ou faire mon boulot à ma place ?". Ce à quoi le CdP répond "Non, tu es vraiment utile. Que ne ferai-je sans toi !" tout en pensant dans sa tête: "Non, ton boulot doit vraiment être très ennuyant."
Le CdP arrive à n'importe quelle heure le matin, c'est bien connu. Le CdP attise les jalousies et on aime bien lui faire des réflexions gratuites... puisque l'on n'a aucun moyen d'agir sur lui.
Si le CdP est mécontent d'un service interne, il passe une commande en externe !
Le CdP a en général des objectifs très basiques: Respect de la marge, du délai et des paiements clients.
Comme le CdP réalise souvent à plus de 90% ses objectifs, ce qui implique le paiement de bonus même en période de crise... on s'escrime souvent à lui mettre en place des objectifs subjectifs que le CdP va invariablement refuser car le CdP est très basique - et binaire - et ne connaît que les chiffres 0 et 1.
Le CdP n'a confiance qu'en lui-même et demande continuellement des confirmations écrites, ce qui indispose souvent les gens et ces derniers pensent souvent que le CdP n'a pas confiance en eux (ce qui est souvent vrai).
Le CdP International doit être compétent dans les domaines des contrats, du droit, de la finance, de la conception, de la technique, de la fabrication, de l'administration des ventes (facturation, caution, devise, expédition, douane, crédit), des achats... ce qui ne s'acquiert qu'avec des années d'expérience... et ça étonne toujours que le premier contrat que le CdP étudie avec soin... c'est le sien !
Pourquoi le titre de cet article ?
Parce que quand les gens sont occupés, on va au plus court et on ne remet pas en cause les prérogatives de chacun. Mais quand le niveau des commandes pousse chacun à se poser des questions sur son devenir, les réponses qui se mettent invariablement en place sont une auto-protection et un foisonnement de décisions plus arbitraires les unes que les autres.
Auto-protection: Chacun bâtit un mur de 3m de haut autour de son poste de travail. Le but est d'être le plus opaque possible sur son niveau d'activité et sur ses méthodes de travail pour donner la sensation de l'indispensabilité mais aussi pour contourner toute opération de contrôle.
Des exemples: - le service achats a pris la décision de ne plus mettre les CdP en copie directe des commandes passées en arguant une perte de temps de la part des acheteurs alors qu'il suffisait simplement de mettre l'adresse mail du CdP dans le champ cc (carbon copy) du mail. Le CdP est donc maintenant invité à consulter tous les jours un répertoire dans lequel sont mélangés toutes les commandes de tous les CdP ! D'autre part, qui dit moins de commandes, dit moins d'achat... donc au contraire plus (+) de temps pour ce service Achats.
- on est un centre d'excellence façon green belt... donc on fait des trucs qui servent à rien, juste à faire joli, comme peindre ou fignoler des pièces soumises à l'abrasion... dire qu'on est super bons... et les clients sont plutôt sensibles au prix actuellement plutot qu'à la peinture ou une durée de vie de 50ans puisque eux font en sorte d'être encore sur le marché dans 10 ans... alors que nous, on ne s'est pas encore posé la question.
- le "cost cutting" (en français: réduction des coûts) impose de nouveaux fournisseurs sur des services basiques (style DHL) sans prendre en compte tous les aspects du problème. Dans le cas présent, le nouveau service express d'envoi de documents nous bouffe régulièrement les délais de remise... moins cher oui, mais moins performant. Et quand des pénalités de retard sont attachées à des envois de document.... Le cost cutting s'est aussi attaqué aux frais de personnel... on vire les bons commerciaux qui nous coûtent trop cher... tiens, on devrait tous les virer, on aurait moins de frais !
- le cost cutting toujours mais dans la politique de déplacement: une intervention d'une agence de voyages (facturée quelque dizaines d'euros) évite bien souvent d'avoir à se taper la bible des tarifs et des horaires pour organiser un déplacement. Elle permet en outre sur un simple coup de fil lors d'une réunion vers un client de faire avancer ou reporter un vol retour, même sans accès internet. Les quelques dizaines d'euros économisés ne sont rien en rapport avec ce confort. Ben... l'agence de voyage c'est fini sauf cas exceptionnel: c'est marrant, je me trouve toujours dans un cas exceptionnel !
J'aurais bien d'autres exemples mais trop ciblés sur mon entreprise et cela ne tarderait pas à me rendre identifiable... mais un point commun relie toutes ces décisions, c'est que leur impact va à l'encontre de l'efficacité... comme demander aux commerciaux de se déplacer uniquement si c'est nécessaire. On ne va pas tarder à les mettre en chômage technique si ça continue ! Ca fera moins de frais !
Je pense que vous aussi avez la joie de voir ce type de décisions impacter votre confort de travail votre efficacité ou même à terme le devenir de votre entreprise, n'hésitez pas à en faire part... des fois que votre Boss vienne vous lire un jour ici ou là. | |
